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Radicalisation de la résistance active et appel à l’insurrection permanente


Article paru dans CQFD fin 2003



En quel temps vivons-nous ? En un temps de travail forcé, malgré des remises de peine conditionnelles telles que la RTT et les congés chèrement payés. Nous sommes les forçats du Marchandisme, religion de tous les Etats, avec son Dieu Argent, sa Sainte Trinité « Travail, Production, Consommation », et son fétichisme sacré d’un monde où tout s’achète et tout se vend, notre force de travail en premier lieu. Nous le savons depuis Marx, et nous continuons, dans ces colonnes aussi, à gémir contre le chômage et les plans sociaux pourtant libérateurs, à manifester pour un capitalisme à visage humain, à mendier à nos geôliers un peu de rab de soupe à la grimace dans nos écuelles percées, à défendre nos droits et notre dignité de bagnard. Métro-boulot-cachot, pute et soumise, couche-toi et rampe, suce et avale, y’en a marre !

Nous devons boycotter le travail salarié pour l’abolir, et considérer le chômage comme une aubaine, un nirvana (chômer : du grec kauma, se reposer par la chaleur). Il ne suffit pas d’encenser le film de Pierre Carles « Attention Danger Travail », il faut avec le génial et prophétique cinéaste Pierre Merejkowsky proclamer à la face du beau monde : « nous ne voulons pas de travail, nous voulons de l’argent et de la liberté ». Et il ne suffit pas de donner des raisons d’agir en ce sens, il faut agir. Il ne s’agit plus de citer Le Droit à la Paresse de Lafargue en se pâmant, il s’agit d’être paresseux*. Il ne s’agit plus de se contenter du RMI pour ce faire, il s’agit de se servir à hauteur de nos besoins selon le principe edenien : « de chacun selon ses envies, à chacun selon ses besoins ».

Tous au chômage et saturons les dispositifs d’aide et de redistribution, faisons exploser les statistiques et imploser l’honteux pacte social, dévalisons les Restos du Coeur, le Secours Kato et l’Abbé(tissant) Pierre, redécouvrons les joies du camping et du bidonville, chauffons-nous au bois des Parcs et Forêts, et ne confondons plus la pauvreté et la misère. Ce n’est pas affaire de seuil, c’est affaire d’orgueil. Nous pouvons réapprendre à vivre sans travailler et sans acheter, de chasse (aux trésors) et de cueillette (en hypermarché). Glandons et glanons sur les décombres de l’agriculture intensive et des élevages industriels. Ne pleurnichons pas, détroussons.

Car en quel temps vivons-nous vraiment ? En un temps où le développement durable est devenu un concept chiraco-dominant, avec Secrétaire d’État politiquement hyper-correcte à l’appui ; avec charte éthique des entreprises dégoulinante de bons sentiments démagos ; avec méthode managèriale de remotivation des ressources humaines (les Directeurs du Développement Durable ont déjà fait leur apparition et con-plotent avec les DRH, tels des époux Ceaucescu) ; avec publicité de Carrefour nous souhaitant une année 2004 « plus respectueuse de notre environnement et plus solidaire » et nous appelant à « mieux consommer, c’est urgent, pour que la consommation soit une source de progrès pour tout le monde » ; avec publicité d’Auchan-la-vie-la-vraie nous rappelant que « vivre mieux, c’est avoir la liberté de faire des choix, des vrais », par exemple entre pomme verte et pomme rouge, comme on nous le montre sur la photo ; avec publicité pour « vivrensemble grâce à RTL », la radio fétide... Ils sont d’une indécence, ces salopards !

La gamme complète des vaselines altermondialistes vole ainsi à la rescousse de la grande entreprise d’entubage global. Profusion, confusion, fusion et effusion des Forums, Porto Allegre devient le réservoir à idées de Davos. Cherchez l’erreur. Elle réside en ceci : pour les pays riches, le seul régime qui vaille est le régime maigre, celui de la décroissance forcée. Et pour les pays pauvres, le seul avenir qui vaille est de le rester, sans complexe, la tête haute, tout en tapant dans nos caisses pour éradiquer les poches de misère, tel Diogène le Cynique nous pissant à la raie. Attac est ce qu’il faut détruire, CQFD.

Très bien, me direz-vous, mais concrètement, on fait quoi ? Pour briser les chaînes de notre asservissement volontaire, commençons par briser nos chaînes de télé, nos chaînes de supermarché, nos chaînes de fast food et nos chaînes de montage. Et rien de mieux pour briser menu que le magnifique marteau, celui qu’on a tous à la maison. Les ordures non recyclables ? On les incinère, simple mesure d’hygiène mentale. Les postes de télévision et les voitures en premier lieu, ces caisses poubelles que les gens laissent traîner n’importe où dans leurs salons et le long des trottoirs. Mais oui, il faut être logique : on ne peut pas à la fois accuser la voiture de tous les maux et condamner les mômes qui y foutent le feu de joie. Ils nous montrent la voie, même s’ils n’en ont pas conscience. Et brûlons aussi les cravates, les prospectus publicitaires et les journaux de programmes télé, car la tronche arrogante des ordures emPAFées en train de se consumer à petit feu réchauffe le coeur.

L’opération de rackettage des pauvres « Pièces Jaunes Devant Marron Derrière » de cette garce de Sainte Bernadette Pleine aux As constitue une insulte au peuple ? On accueille le train de France Télécom à coups de pierres. Et de très nombreuses manifestations narguogènes peuvent ainsi être caillassées sans retenue. En inventant l’Intifada contre l’oppression, ce sont les gosses de Palestine qui nous ont donné l’exemple. Les symboles de l’ordre marchand nous décaspèrent (c’est deux fois plus qu’hexaspérer) ? Taggons et graffons les panneaux publicitaires, cessons de payer les transports en commun, cassons les caméras de surveillance, squattons tous les espaces sanctuarisés au nom du profit et de la sacro-sainte propriété. Les actions commandos des groupuscules spécialisés sont duplicables à volonté, leur savoir faire est en circulation libre sur Internet. Dès qu’on est plus de cinq, on est une bande Molotov. Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?

Des marteaux, des pierres, des allumettes et des grapheurs, voilà les armes de destruction massive de l’insurrection permanente. Sabotage, incendiage et barbouillage sont les mamelles de la subversion. Verve, virulence, imprudence, insouciance, irresponsabilité revendiquée et débilité assumée, telle est notre bonne humeur. Et elle est esthétique, assurément, parce que nos vies ainsi conçues seront des chefs d’oeuvres. Nous voulons rire sans entrave, et rien d’autre.

Victor Lehaineux

* Si vous voulez vous entraîner, la télé libre et censurée Zalea TV organise et médiatise un Grand Concours de Paresse : www.zalea.org


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