Article paru dans l’édition du 31 mars 2005

ÉVÉNEMENT

Les oubliés de la TNT

De nombreuses télévisions associatives de quartier voudraient aussi trouver une place dans cette « révolution audiovisuelle ». Le lancement de la TNT ne profite pas à tout le monde pareil. Et les télévisions associatives en savent quelque chose. Loin de posséder les budgets des chaînes privées, les télés associatives aspirent pourtant à accéder à la diffusion. Ainsi, le 11 mars dernier, la Fédération des vidéos des pays et des quartiers, qui regroupe 50 télévisions associatives participatives, a déposé son projet de candidature à la TNT nationale et gratuite, sous le nom de Proxivision. Cette candidature se veut « un acte politique symbolique ». Car, dans les faits, il faut un peu plus de 2,5 millions d’euros (annuels) pour entrer dans la danse du numérique et être diffusé nationalement. La Fédération des télévisions associatives dénonce ainsi des critères de sélection sur « l’aspect financier des dossiers, écartant l’intérêt pour les téléspectateurs et le pluralisme » et conteste « une interprétation abusive des textes légaux par le CSA ». Car si le Conseil supérieur de l’audiovisuel reconnaît que « le style des chaînes d’agglomération a tendance à s’uniformiser », aucun moyen n’est vraiment mis à disposition pour la diffusion des télévisions alternatives. C’est une des raisons pour lesquelles, des télévisions associatives telles que Zalea TV ont choisi une autre stratégie, celle du bouquet payant. « Nous n’avons pas le choix, explique Boris Perrin, président de Zalea. Comme nous refusons d’introduire la publicité commerciale dans nos programmes, notre seul moyen d’accéder à la TNT est de passer par le système des abonnements et du bouquet payant. » Pour Zalea, cette démarche n’est pas en contradiction avec sa charte, dans la mesure où, grâce au bouquet, elle garderait son indépendance de programmation. Et pourrait en plus bénéficier de la médiatisation de ce bouquet par les grandes chaînes. « Par respect pour le pluralisme du paysage audiovisuel, le CSA ne devrait pas refuser notre candidature. Nous sommes là pour proposer des programmes différents qui font circuler la parole et la pensée, souligne-t-il. Nous voulons susciter le débat et la confrontation, construire un ciment culturel commun. Et l’espace audiovisuel ne doit pas uniquement rester entre les mains des grands groupes médiatiques ».

Ixchel Delaporte .